Les Papotages de Nana - Au Japon

Le pays des cerisiers (Ep3)

J’ai tellement de choses à vous raconter à propos du Japon…

Je ne sais même plus ce qui pourrait être intéressant ou pas. C’est différent de vivre les choses ou de les lire racontées par quelqu’un. Ce qui est sûr c’est que ce pays est un véritable chamboulement pour moi. Je viens tout juste de rentrer et je ne m’en remets pas.

 

Pour ce troisième épisode, j’ai envie de vous parler de cuisine (tiens donc, comme c’est original) : C’est l’un des domaines où j’ai été le plus surprise. Alors bien sûr, la cuisine japonaise tout le monde connait plus ou moins : les sushis, le riz et les ramens (pourtant, il n’y a pas que ça). Je me disais, d’ailleurs, que comme à chaque fois que je pars en vacances et comme tout bon français qui se respecte que j’allais rapidement manquer de pain, de fromage et en l’occurrence de sucre (parce que les japonais ne sont pas très doués en desserts et aliments sucrés).

 

Mais en fait, pas du tout. J’ai immédiatement adhéré à la gastronomie japonaise qui est avant tout une philosophie, tout en contraste et en contradiction. Pas évident à comprendre pour le bon vivant français pour qui le temps à table et le contenu de l’assiette sont sacrés.

 

Le grand principe à retenir est que les Japonais mangent pour se faire du bien avant même de penser à se faire plaisir. Preuve est est, à table, leur bon appétit (Itadekimasu) n’est pas qu’une formule de politesse : c’est un remerciement pour le repas qui vient d’être posé devant eux et qui va leur faire du bien. L’alimentation est vécue comme un bienfait, un médicament naturel. Combien de fois, mon amie vivant à Tokyo m’a dit que le gibier était une viande intéressante pour la femme parce que pleine de fer, ou que le natto (spécialité à base de haricots de soja fermentés) est plein de protéines et de vitamine K… C’est une approche totalement différente de la nôtre.

 

Dans le même genre, les Japonais font leurs courses, font le marché plusieurs fois par semaine et cuisinent. Il existe peu de plats cuisinés ou surgelés. Du coup, ils sont totalement en phase avec la saisonnalité des produits et se contentent de ce qu’ils trouvent sans rechercher à tout prix des fraises en décembre ou des mandarines en juillet, si ce n’est pas la bonne période.

 

A côté de ça, les Japonais sont très gourmands. Chez eux, la street food est reine. On ne peut pas faire 2 mètres sans trouver une gargote qui vend des soupes, des nouilles, des brioches fourrées au haricot rouge, des onigiris (leur jambon beurre à eux, je vous réserve une petite recette pour bientôt), toutes sortes de trucs à manger sur un bâton (ça va du concombre mariné au poulpe grillé en passant par des boulettes de pâte de riz gluant recouvertes d’un genre de caramel épais). Sans oublier, les takoyakis, les okonomiyakis, les donburis, les currys, les tayakis, les udons, les mochis… Bref, les Japonais sont gourmands et aiment manger, assis, debout, dans la rue. Ils mangent à longueur de journée, c’est impressionnant. C’est une activité comme une autre après tout. Je crois que je suis faite pour ce pays. Ahah.

 

Pour autant, ils ne consacrent que 30 minutes au repas. On peut faire des queues interminables pour entrer dans un restaurant et s’en faire éjecter à la 31ème minute parce que le temps de manger est dépassé. En même temps, les Japonais considèrent qu’au bout d’une demi heure, on est rassasié et manger au delà de cette limite revient à manger à l’excès (et serait donc mauvais pour la santé : problèmes digestifs, embonpoint…). D’ailleurs, vous ne verrez quasiment jamais de Japonais gros.

 

C’est aussi du à leur alimentation qui est particulièrement saine (mais pas insipide). A moins de s’empiffrer de friture dont ils raffolent (coucou le katsudon) mais vu qu’ils en mangent en petite quantité en général et toujours accompagnée de riz, de légumes, de crudités, de soupe… peu de risque. La friture reste donc un accompagnement, ce n’est jamais l’élément principal du plat.

 

Autre point qui m’a surpris : L’apport de protéines est important, certes (ils mangent du poisson ou de la viande à tous les repas y compris au petit déjeuner qui se compose traditionnellement de thé, de riz et de poisson grillé). Mais contrairement aux occidentaux, la part de viande ou de poisson n’est jamais la plus importante dans l’assiette. Là encore, les plats sont généralement composés de plusieurs petites choses à grignoter comme des légumes marinés, du miso, du soja fermenté, du riz et accessoirement de la viande ou du poisson pour compléter le tout. Et bien sûr, c’est joliment présenté, c’est varié, c’est coloré, ça donne immédiatement envie. 

 

Du coup, à suivre à la lettre leur philosophie alimentaire, on peut être vite rassasié, sans ressentir la faim ni le besoin de grignoter après le repas. Par contre, pour la première fois de ma vie, je n’ai jamais raté un seul repas, pour mon plus grand plaisir. C’est vraiment une autre approche de la nourriture.

 

Et j’en viens au sujet sensible pour moi: le sucre. Comme je vous le disais les Japonais ne sont pas très doués. On a encore plein de choses à leur apprendre. Il n’y a pas ou peu de dessert sur les cartes des restaurants (s’il y en a, c’est un endroit pour touristes —> fuyez). Ils mangent essentiellement des desserts peu sucrés (moins que chez nous, en tous cas) à base de pâte de riz gluant, de pâte de haricot rouge sucré ou de thé matcha. En dehors de ces aliments de base déclinés en brioche, en glace, en bâtonnet, en beignet, en friture etc… il n’y a pas grande chose. Le chocolat, clairement, ils ne connaissent pas et nos desserts type éclairs, flans et autres sont rares à moins d’aller dans les boulangeries françaises dont ils sont totalement fans au point de trouver des boulangeries à l’enseigne bien franchouillarde alors qu’elles n’existent pas chez nous. Grand moment de rigolade inside !

 

 

En connaissant cette lacune niveau dessert, j’avais peur de manquer de sucre. Et étrangement, pas du tout. Il faut dire que tous les repas ont ce petit goût sucré indescriptible. L’omelette est sucrée, le curry est légèrement sucrailleux… Les sauces, les accompagnements, les marinades… Au final, on a un indice glycémique constant au fil de la journée, sans ressentir le besoin de manger un carré de chocolat, j’vous jure c’est surprenant. 

 

Le point culminant de l’expérience philosophico-culinaire a clairement été Okinawa: Cet archipel est connu pour détenir le record de longévité de ses habitants. Il n’est pas rare de croiser un petit vieux fourbu, sans âge mais avec une pêche incroyable. Je croyais que c’était une légende urbaine mais non. Ces petits vieux existent bel et bien et ils forcent le respect. Mais pour en arriver là, il poussent encore plus loin le concept de la nourriture bien être, de l’alicament. Le régime okinawaien se compose de fruits et légumes cultivés sur place. Ils mangent également beaucoup d’algues, de poisson et de cochon. Parmi les légumes, on trouve un genre de concombre à l’aspect piquant qui est très amer voire carrément dégueulasse, c’est du goya. Ils adorent les algues, notamment une variété qui ne pousse que sur Okinawa : l’Umibudo, une algue avec pleins de petits boules qui explosent en bouche et qui fait « pouchy pouchy » comme on dit là-bas. On a également mangé du serpent de mer (oui madame, parfaitement) (et même que c’était bon), de l’ananas qui s’effrite entre les doigts, de la feuille de janaba (là encore un truc très amer supposé aider à la digestion), de la patate douce rouge qu’ils servent comme un dessert, des poissons improbables (du poisson perroquet ou de la bonite par exemple). On a également goûté leur tofu à base de lait de cacahuète (délicieux). Bref, sur Okinawa on trouve des aliments qui n’existent que là-bas, plus ou moins bons au goût mais l’expérience vaut la peine d’être vécue au moins une fois dans sa vie. 

 

En tous cas, je reviens avec une autre vision de mon assiette et de la manière dont j’ai envie de me nourrir. Je réalise que l’alimentation française aussi bonne et variée soit elle n’est peut être pas assez à l’écoute des besoins du corps. Et je suis intimement convaincue (depuis longtemps déjà mais encore plus maintenant) que notre façon de manger conditionne notre santé, notre bien-être et notre humeur. D’ailleurs, je songe sérieusement à revoir à la baisse ma consommation de sucre, par exemple. Je sais que le sujet est très à la mode en ce moment mais j’ai une vraie prise de conscience sur mon bien-être à long terme et je sens bien que le sucre n’est pas indispensable au quotidien.

 

Enfin bon, le sujet n’est pas là et j’ai assez écrit pour aujourd’hui (en espérant ne pas vous avoir perdu en route). Si ça vous intéresse, on pourra en reparler une autre fois, dans un article dédié. Pour le moment, je vous laisse avec quelques photos de nourriture japonaise et encore de jolis paysages des lieux visités au cours de ces 3 semaines.

 

Enjoy !

 

 

Les Papotages de Nana - Au Japon

Les Papotages de Nana - Au Japon

Les Papotages de Nana - Au Japon

Sushis à gogo

Les Papotages de Nana - Au Japon

Gioza au pesto d’herbes japonaises

Les Papotages de Nana - Au JaponStreet food : Huitre grillée, beignet au curry d’huitre, bao à l’anguille, sèche grillée caramélisée

Les Papotages de Nana - Au Japon

Boeuf Matsusaka (le meilleur du monde, élevé au Mozart)

Les Papotages de Nana - Au Japon

Okonomiyaki et yakisoba

Les Papotages de Nana - Au Japon

Udon de porc et gioza

Les Papotages de Nana - Au Japon

Takoyaki

Les Papotages de Nana - Au Japon

Bol de riz et brochettes de poulet

Les Papotages de Nana - Au Japon

Tonkatsu

Les Papotages de Nana - Au Japon

Wok de champignons et herbes

Les Papotages de Nana - Au Japon

Régime okinawaien : goya, umibudo, poisson perroquet, petite douceur à base de patate douce rouge 

Les Papotages de Nana - Au Japon

Champuru (plat typique d’Okinawa)

Les Papotages de Nana - Au Japon

Tempura de serpent de mer (en Japonais, on dit umihebi… vous le saurez)

Les Papotages de Nana - Au Japon

Dessert à base de pâte de riz gluant fourré à la pâte de haricot rouge

Les Papotages de Nana - Au Japon

Chiffon cake au thé matcha 

Les Papotages de Nana - Au Japon

Odaiba – Tokyo

Les Papotages de Nana - Au Japon

Les Papotages de Nana - Au Japon

Les Papotages de Nana - Au Japon

Les Papotages de Nana - Au Japon

Kamakura

Les Papotages de Nana - Au Japon

Okinawa aquarium

Les Papotages de Nana - Au Japon

Les Papotages de Nana - Au Japon

Nara

Les Papotages de Nana - Au Japon

Harajuku – Tokyo

Les Papotages de Nana - Au Japon

Ginza – Tokyo

Les Papotages de Nana - Au Japon

Akihabara – Tokyo

16 réponses à “Le pays des cerisiers (Ep3)”

  1. MamaFunky dit :

    C’est vrai que la nourriture japonaise est particulièrement saine. Ma mère pendant son séjour m’a raconté que les jJaponais mangeaient des tonnes d’herbes. Des feuilles, des herbes, des algues. tout ça est pour eux comme de la salade.
    Mais je ne savais pas pour cette histoire du repas de 30 minutes. Ils sont vraiment fort ces Japonais. Hâte d’aller découvrir leur culture.

    • JOhanna dit :

      Oui, c’est vrai qu’ils mangent les herbes comme de la salade. Je ne sais pas pourquoi on ne fait pas ça plus souvent chez nous, c’est bien meilleur que la laitue.

  2. Tata tricot dit :

    mais j’ai trooooooooooooooop envie d’y aller ……;-)

  3. Safaa chan dit :

    Super article et photos, j’aime beaucoup. La gastronomie japonaise y est très bien décrite.

  4. j’avoue que je n’ai pas adhéré à tout lors des mes périples japonais. je ne suis pas une très grande fan sauf pour les choses très simples poissons grillés, riz et légumes. Comme tu le dis c’est une philosophie.
    j’adore la photo d’Odaiba car c’est trosso modo la vue que j’avais de mon hôtel

  5. super article, hyper intéressant comme d’habitude!!
    J’ai trop envie d’aller au Japon maintenant!

  6. Ton article est passionnant! Merci beaucoup. Donc on ne t’avait pas menti : on mange très bien au Japon, n’est ce pas? En tous les cas, tu as fait des expériences que je n’aurais même pas osé comme avec le serpent de mer ou même les algues. Alors chapeau!! 😉

  7. Clem dit :

    C’est la première fois que quelqu’un me donne envie d’aller au Japon, et pas uniquement pour la nourriture…

    Merci beaucoup de nous faire partager tout ça, c’est magique!

  8. Fanny dit :

    Je viens de me refaire tous tes articles sur le Japon… on y va en mars prochain, je ne sais pas comment je vais patienter jusque là !

    • JOhanna dit :

      Haaaaaaan mais c’est une super nouvelle ça !
      Tu sais qu’on se tate à y retourner également à cette période.
      Vous y allez avec ou sans le loustic?
      A l’occasion, on se fera un déj et je te donnerai plein de tuyaux 😀

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