Se donnent tous rendez-vous au grand bal des chats.
Tous les Jellicles attendent le chef de clan
Ce soir il procède au Jellicultime choix
Le vieux Deutéronome, juste avant le matin,
Va faire taire le silence
Et puis sans plus attendre,
Choisira le chat
Qui va revivre enfin
Car ce chat dès demain
Renaîtra de ses cendres
Là-haut dans les airs,
Sur la Jellicosphère
Où les Jellicles rêvent de trouver l’absolu
Et tous se demandent
Quel félin est appelé.
Qui est l’élu ?… Qui est l’élu ?
C’est sur ces quelques vers bien intrigants que débute Cats, la nouvelle comédie musicale présentée au Théatre Mogador par Stage Entertainment.
Après le Bal des Vampires que j’avais adoré (malgré une traduction des textes en français qui peut parfois donner un sentiment de mièvrerie), Mogador récidive et nous propose un spectacle de chats. Alors forcément, j’y étais et je vous donne mon (très) humble et (très personnel) avis.
Cats est une comédie musicale imaginée à la fin des années 70 par Andrew Lloyd Webber qui avait alors puisé son inspiration dans les poèmes du Guide des chats du Vieil Opossum de TS Eliott pour créer un spectacle entièrement dédié à une joyeuse bande de chats de gouttière. La comédie musicale sera jouée dès 1981 à Broadway et remportera immédiatement un vif succès auprès du public. Le spectacle révélera d’ailleurs Barbra Streisand, fabuleuse dans son interprétation de Memory, l’un des chants mythiques du spectacle que vous connaissez forcément.
En 2015, la mise en scène respecte totalement les codes excentriques et un tantinet vulgaires des années 80: L’orchestre caché sous la scène joue sur des synthés au son nasillard tellement reconnaissable de cette époque. Les costumes et les maquillages sont très élaborés, brillants, clinquants à la limite de l’outrancier. Tellement typique des ces années. La scène se pare de néons, de lumières noires, de décors surdimensionnés pour évoquer l’ambiance de la décharge dans laquelle les Jellicles vivent. On est à mi chemin entre la guinguette et la discothèque de quartier. Et ça fonctionne très bien. On est immédiatement plongé dans l’univers de ces chats fous furieux, la scène étant volontairement dépourvue de rideau pour mieux s’immerger dans la Jellicosphère.
Sur le plateau, les chats se déchaînent. Un à un, dans un ballet hystérique sans queue ni tête, ils se présentent, dansent, chantent, sautillent, miaulent et ronronnent. Chacun raconte son histoire à sa manière. Certains chats sont plus attachants que d’autres.
Chapeau bas pour la prestation de Prisca Demarez en Grizabella, qui laisse la salle sans voix pendant 5 minutes lors de son « Memory » en solo. La voix est cristalline et mature, claire et écorchée à la fois, comme les nombreuses vies qu’a certainement vécu Grizabella, le chat glamour.
Autre temps fort, Axel Alvarez, le danseur classique de la troupe qui campe Mistoffelees, le beau chat à la robe noire et blanche façon smoking dont le solo de danse laissera également la salle béate jusqu’à l’explosion d’un feu d’artifices sur scène et dans les yeux des spectateurs.
Crédit photo : http://www.bullesdeflo.com
Ne cherchez pas une quelconque histoire ou une logique au spectacle, il n’y en pas. On passe 2h40 à observer les facéties de ces drôles de chats, aux caractères bien trempés. Le spectacle ne plaira pas à tout le monde. C’est un univers complètement déjanté, une sorte de communion entre félins que tous les spectateurs ne pourront pas rejoindre. Pour ma part, je suis restée un peu en retrait cherchant une intrigue, là où il n’y en avait pas. Il faut néanmoins saluer la performance des acteurs/ danseurs sur scène. Impossible de ne pas admirer les compétences de ces athlètes qui, pendant plus de 2 heures sont en perpétuel mouvement pour rappeler les acrobaties et les contorsions de nos compagnons à 4 pattes. En y repensant, finalement, je me dis qu’il faut aborder ce spectacle comme une fresque vivante, musicale et colorée. C’est un très beau spectacle, qu’il faut contempler sans trop chercher midi à 14 heures. Ca fonctionne très bien : On ressort de là avec un air qui traine dans la tête plusieurs jours d’affilée. Et en repensant au comportement de mes chats, je comprend mieux, ou tout du moins, j’admets qu’il n’y a pas de sens évident à cette soirée de bal entre poilus parce qu’au final, ils sont comme ça les chats : beaux, majestueux et imprévisibles.
Cats à Mogador, c’est depuis le 1er octobre 2015 et pour 90 représentations seulement, dépêchez vous.
Théatre Mogador
25 rue Mogador
75009 PARIS
Tel: 01 53 33 45 30
Et bah voilà, tu as bien résumé l’ensemble. Je n’ai pas fait mieux ! Une fois qu’on comprend qu’il n’y aura pas de « véritable » histoire, on peut apprécier les différents portraits félins.
Déroutant, mais calé au poil de chat !
Et t’as vu j’ai piqué tes photos sans te demander (vilaine fille que je suis) (mais je t’ai citée) Bisoux 🙂
J’ai vu des reportages sympas à ce sujet. Mais je dois avouer que ça me gêne un peu qu’il n’y est pas d’histoire même si j’imagine que ça reste un beau spectacle comme tu l’expliques.
En fait, c’est gênant si tu passes la moitié du spectacle à attendre une intrigue… Le spectateur est trop formaté à une seul schéma de spectacle : une intro qui pose les personnages/ une histoire plus ou moins intéressante/ une chute incroyable. Ici, le spectacle attaque direct et on reste sur l’histoire de chaque personnage un bon moment avant de conclure sur une fin qui n’est ni vraiment une chute ni vraiment une happy end. C’est une construction différente mais le show est grandiose et rien que pour Grizabella j’y retournerai 🙂