Dans la série « je vous raconte ma vie », je crois que je ne vous ai jamais parlé du jour où j’ai été diplômée. Ca remonte un peu mais je me souviens que c’était un peu nul en fait. On était un million de personnes dans la salle, impossible de profiter de ses proches pendant la cérémonie qui a duré 45 secondes top chrono. Et si j’avais voulu avoir des photos dignes de ce nom, il fallait acheter les clichés du photographe officiel qui coutaient environ 15€ pièce avec obligation d’en acheter au moins 10… Bref, un vrai business la prestation de serment…
Le soir, mes parents ont voulu marquer le coup en m’invitant dans un très grand restaurant. Et même ça, c’était nul (pardon Papa, ce n’est pas ta faute mais le dîner n’était vraiment pas à la hauteur). Et dire qu’on avait hésité avec le Grand Vefour…
Il m’aura fallu attendre presque 10 ans pour avoir la chance de me rendre dans ce restaurant historique niché dans un petit coin caché des jardins du Palais Royal. C’était en décembre dernier. Et si le coeur vous en dit, je vous emmène avec moi revivre ce moment d’exception.
Le Grand Vefour a ouvert en 1784. Initialement baptisé « Café de Chartres », il devient vers 1820, un restaurant gastronomique sous l’égide de son propriétaire, Jean Vefour. Il prend alors le nom de ce dernier et voit au fil des années défiler la belle société parisienne…
Aujourd’hui, le lieu est classé aux Monuments historiques. Et quand on s’attable au Grand Vefour, on plonge sa cuillère dans un grand bol d’histoire. Les petites plaques discrètes posées derrière les chaises nous offre un aperçu des célèbres habitués qui ont fréquenté l’établissement : Napoléon, Balzac, Jean Cocteau, Sacha Guitry, Colette, Jean-Paul Sartre, Simone De Beauvoir...
Alors, moi, dans ces conditions, je ne suis pas mécontente d’avoir attendu si longtemps pour réaliser un rêve.
Vous (re)connaissez ce ballon rose? Anna est une australienne qui vit et arpente Paris avec son ballon rose. Si vous ne la connaissez pas, allez voir son compte Instagram, c’est super poétique.
Une coupette de Ruinard? L’un de mes Champagnes préférés. Ce déjeuner promet d’être agréable.
On rentre dans le vif du sujet avec un carpaccio de Saint Jacques au caviar de la maison Kaviari, crème infusée aux coques, sumac et fleurs. Une vraie douceur iodée pour une entrée en matière parfaite.
Ensuite, vient un petit amuse bouche bien électrisant : une bouchée de thon mariné, guacamole d’encre de seiche et crackers. Pas besoin d’une plus gros morceau pour apprécier ce mélange détonnant.
Puis, on s’attaque à un monument, l’un des plats signatures du Chef : L’oursin, dans un fin velouté, oeuf de caille et caviar. Cette toute petite coquille sage comme l’eau qui dort renferme un oeuf mollet qui vient tapisser le palais avant qu’on tombe sur les langues d’oursin qui font office de grande vague saline. Même si on n’aime pas l’oursin, on ne peut que tomber sous le charme de cette entrée concentrée en saveurs.
L’autre monument du Chef pour lequel je reviendrai : les ravioles de foie gras, crème foisonnée truffée (vous vous souvenez mon diner de réveillon?) J’ai encore le goût de cette raviole dans la bouche au moment où j’écris ces lignes. La pâte est juste cuite al dente, le foie frais à l’intérieur est fondant, il répand son gras dans l’assiette et vient se lier à la crème truffée, c’est doux, c’est onctueux, c’est grassouillet, c’est juteux, c’est une merveille hyper longue en bouche dont on ne ressort pas indemne 😛
On n’a à peine le temps de se rincer la bouche avec une gorgée de Champagne et voilà le plat de résistance. La barbue pochée accompagnée d’une chips et purée de patate douce, petits légumes tombés au beurre, galanga et jus de cardamome. Je veux manger du poisson comme celui-là tous les jours !
Arrive le moment du fromage et là, regardez bien, ce fromage qui ressemble à un roquefort sans penicillium est un Bleu de Termignon, une « espèce en voie de disparition » faute d’humains prêts à reprendre les rares exploitations à le fabriquer encore. C’est un fromage savoyard issu de la Haute Maurienne. Il a une pâte persillée comme son copain le roquefort mais son goût est bien différent. Il a une texture crayeuse et un petit goût de lait caillé, un peu comme une feta mais au lait de vache. Difficile à expliquer, il faut le gouter au moins une fois dans sa vie, avant qu’il disparaisse pour toujours 😉
Vous avez encore faim? La vue de ce dessert devrait aiguiser vos papilles comme ça l’a été pour moi. Palet noisettes et chocolat au lait, glace de caramel brun et sel de Guérande. Une construction graphique renfermant la suavité de la noisette et du chocolat au lait et la petite touche régressive du caramel salé. Pour moi, c’est le combo parfait pour un dessert d’excellence.
Le repas se termine sur quelques mignardises et pâtes de fruits maison. C’est toujours un peu trop mais c’est tellement bon qu’on ne peut pas s’en empêcher. Gros coup de coeur pour les pâtes de fruits.
Et au Grand Vefour, personne ne repart sans une tranche de gâteau de Savoie. Ai-je besoin de vous rappeler les origines du Chef?
C’est sur cette note de douceur que finit le repas. Et j’ai parfois l’impression d’avoir vécu un rêve tellement ce déjeuner était inattendu. Merci Chef pour cette surprise de fin d’année dont je garderai des souvenirs encore longtemps.
Infos pratiques:
17 rue de Beaujolais
75001 Paris
Tel: 01 42 96 56 27
C’est pas vrai, j’en ai des photos de la prestation de serment moi 😮
Roooooh le dossier ^^
C’est un bien beau rêve. Je suis passée si souvent devant ce restaurant. C’est également un de mes rêves! 😉
Et bien écoute, si tu veux que je passe le message à Monsieur…. 😉