Les Papotages de Nana

Une grossesse dans l’ombre d’une autre

Voilà un article qui me trotte dans la tête depuis un moment. Mais j’attendais d’être sûre que tout va bien pour vous en parler.
Sans suspens, aujourd’hui, j’ai le plaisir (et un peu la chance aussi) de vous annoncer l’arrivée prochaine de Numérobis chez les Papotages de Nana.

Dire qu’on est heureux n’est pas exactement le bon terme car cette grossesse, je (on) ne la vis pas du tout aussi sereinement que je (on) l’espérais. Bien sûr qu’on est heureux mais surtout on mesure la chance qu’on a d’avoir pu mener une première grossesse à terme, sans souci et de vivre celle-ci, également « sans trop de souci ».

J’emploie des guillemets parce que si vous vous souvenez, en début d’année, je vous ai dit que j’avais pas mal morflé en 2018 notamment à cause d’une grossesse arrêtée en juin alors qu’on était dans la 10ème semaine d’aménorrhée. Pour relire l’article c’est ici.

Quand j’ai appris quelques mois plus tard que j’étais de nouveau enceinte, sans avoir rien fait de spécial, j’ai été prise de panique. Au lieu d’apprécier ce moment que j’attendais tant, j’ai flippé comme jamais et il s’en est suivi de longues semaines compliquées.

Pourtant, je m’étais jurée, après cette fausse couche, d’apprendre à apprécier ce que j’ai, essayer de me projeter et m’investir vraiment dans la prochaine grossesse, si j’avais la chance d’en vivre une autre. Je ne voulais pas passer à côté de ces 9 mois hors du commun, sachant qu’à mon âge, il n’y aurait pas de nouvelle chance ensuite (je me suis toujours fixé la limite de 40 ans pour faire des enfants et cette limite approche dangereusement).

Et me voilà donc avec ce test en main, positif de surcroît, à avoir des sentiments noirs, contradictoires et tout à fait contraires à ce projet de grossesse que j’idéalisais. J’ai d’abord ressenti beaucoup de colère contre la terre entière. Puis de la peur, celle de ne pas mener cette nouvelle grossesse à terme.

Mon corps a ensuite pris le relais, sans doute pour me « rassurer » (puisqu’au cours du premier trimestre, hormis les nausées, rien n’indique que bébé va bien, on n’a aucun indice auquel se raccrocher): J’ai donc passé des semaines entières malade comme un chien, à pleurer plus que je n’ai jamais pleuré dans ma vie, à vomir tous les jours, plusieurs fois par jour, à être nauséeuse du matin au soir et du soir au matin, à ressentir un épuisement physique et moral grandissant de jour en jour, à subir des insomnies terribles. Je crois que si je n’avais pas été en profession libérale, à ce moment précis, ma sage femme m’aurait faite hospitaliser. J’étais mal ! J’étais déprimée ! Je n’arrivais pas à envisager que cette grossesse soit un événement positif dans ma vie. Je maigrissais à vue d’oeil, je dépérissais complètement. J’étais en mode survie. A tel point que mes collègues de bureau s’en sont rendu compte et il a fallu avouer les choses bien plus tôt que ce que je le souhaitais. Finalement, ça m’a fait du bien d’en parler, de pouvoir me confier à quelques personnes qui comprenaient, qui avaient pour certaines vécu la même chose. Mais, cela ne me rassurait pas pour autant. J’avais terriblement peur d’être malade et déprimée pendant 9 mois et de reporter mes sentiments négatifs sur ce bébé qui – lui – n’avait rien demandé et ne devait pas souffrir de mon mal être. C’était un cercle vicieux parce que je me mettais alors à culpabiliser d’être une mauvaise mère auto centrée sur sa petite personne au lieu de me concentrer sur ce bébé. Je culpabilisais aussi vis-à-vis de mon mec que je délaissais pour dormir (seule activité où je n’étais pas au plus mal) et ma fille dont j’étais incapable de m’occuper alors qu’elle non plus n’avait rien demandé dans tout ça.


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Puis, les symptômes se sont atténués progressivement. J’ai vu l’ostéopathe plusieurs fois, j’ai fait de l’acuponcture, j’ai beaucoup vidé mon sac auprès de ma sage femme, je me suis mise au yoga prénatal très tôt. Toutes ces choses m’ont redonné du baume au coeur au fur et à mesure que ma santé remontait. Je suis retournée travailler normalement, avec le rythme soutenu que j’aime. J’ai recommandé à sortir, à manger (mon activité préférée au monde, ça aussi, ça aide à retrouver le moral).

C’était sans compter sur les examens obligatoires qui ont le don de plomber l’ambiance : Le corps médical a (selon moi, ce n’est que mon opinion) cette facilité à employer un langage que le profane ne comprend pas et qui entraine mille questions derrière, auquel on vous répond toujours par un laconique « faisons des examens complémentaires avant de s’affoler et ensuite on verra ». Sauf que dans ma tête, je veux savoir à quoi je m’expose, ce que je risque et je veux le savoir maintenant, pas demain, pas après une prise de sang dont les résultats tomberont dans 10 jours.

C’est comme ça qu’après une banale prise de sang pour connaître les marqueurs sériques (premier indice sur une potentielle trisomie, à faire en complément de l’écho du premier trimestre où on vous mesure la clarté nucale), on m’a annoncé que le taux n’était pas bon et qu’il fallait que je fasse un DPNI (dépistage prénatal non invasif, c’est une prise de sang où l’on va chercher s’il y a des anomalies chromosomiques dans le sang mêlé de ma mère et du foetus, pour schématiser. Ce n’est pas douloureux pour la mère ni dangereux pour le bébé, contrairement à une amniocentèse mais ça reste un examen médical dont on attend les résultats comme le messie). 15 longs jours à attendre ce résultat. 15 longs jours à se demander ce qu’on ferait si le résultat revenait positif. Ce sont des questions que je ne m’étais jamais posées jusque-là.



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En comparaison, ma première grossesse a été un long fleuve tranquille, bordé de bisounours. Aucun symptôme, un petit ventre compact pas du tout encombrant, peu de kilos sur la balance, une vie tout à fait normale jusqu’au dernier jour. Bref, le rêve. Enfin, à l’époque, j’avais trouvé le moyen de râler à cause d’un léger inconfort chronique du à une peau peu élastique, à cause de remontées acides que j’avais du supporter pendant les 9 mois pleins et quelques autres petits désagréments qui me font doucement rire aujourd’hui. Cela dit, on m’avait aussi pas mal embêtée à cause de la croissance du bébé qui était jugée un peu basse dans les courbes. On m’a menacée mille fois de me déclencher à partir du 7ème mois, avec des échos toutes les 3 semaines et des monitos toutes les semaines à compter du 8ème mois. Mais pour autant, tout glissait à cette époque. Je n’entendais pas ces angoisses, elles ne me parvenaient pas. J’étais dans une bulle, j’avais l’instinct que tout irait bien et l’issue m’a donné raison puisque Baby T est née à peine 4 jours avant terme, avec un poids tout à fait raisonnable (au-dessus de 3 kgs en tous cas).



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Cette fois-ci, je vis les choses très différemment. Tout est une épreuve. Chaque jour, chaque examen est une étape franchie de plus vers… vers quoi d’ailleurs? Je n’arrive pas à envisager l’issue, pour le moment. A vrai dire, à chaque rendez-vous, je me dis : « Aller, après ça, je peux l’annoncer, tout ira bien, il n’y aura plus rien à craindre. » Et en fait, une fois le rendez-vous passé, je ne suis pas rassurée pour très longtemps. Je me trouve de nouvelles raisons de flipper: « Ok, le DPNI est revenu négatif, pas de risque de trisomie mais imagine à l’écho du 2ème trimestre, on découvre que le bébé grandit mal, qu’il est trop petit, qu’il lui manque un doigt, ou qu’il a un bec de lièvre etc ». C’est sans fin.


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Tout ça parce que cette grossesse arrive après une fausse couche, que je croyais avoir surmonté facilement alors qu’il n’en est rien. Au fond, je sais que j’ai énormément de chance, en comparaison avec celles qui n’arrivent pas à tomber enceinte et suivent un parcours médical fastidieux et dévastateur pour le moral. Je sais que je ne devrais pas me plaindre parce qu’a « priori » il n ‘y a pas grand chose à craindre désormais. Mais, je ne peux m’empêcher de vivre cette grossesse comme une sorte de passage de niveaux dont chacun est supposé me rendre plus forte jusqu’à la fin. Et je peux vous dire que pour quelqu’un qui voulait vivre sa grossesse pleinement, je suis servie. On ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir la pleine conscience des choses. Alors ok, je suis loin de vivre cet événement comme toutes ces filles sur Instagram, de manière légère et enjouée : à poster des photos de mon ventre qui s’arrondit de mois en mois, la pommette saillante, le glow surnaturel de la femme enceinte et des tenues impeccables tous les jours. Mais au final, je me rends compte que d’une certaine façon, je tiens déjà énormément à ce bébé, je m’investis pour lui (ou elle) avec la peur au ventre dont toute maman se retrouve dotée le jour où elle arbore ce nouveau rôle. Et tant pis, si je ne suis pas aussi insouciante que j’ai pu l’être pour Baby T. Tant pis si je ne vis pas la grossesse idéale, dont j’ai toujours rêvé. Aujourd’hui, je construis un petit être que j’ai hâte de rencontrer malgré tout, quelque soient les circonstances. Voilà où j’en suis pour le moment.

Sur le plan plus pratique des choses, j’espère que vous comprendrez et ne m’en voudrez pas: Je ne vous donnerai aucun indice sur ma date de terme ou sur l’évolution des choses. Je ne ferai pas de journal de bord ou de FAQ ou autre article lié de près ou de loin à la grossesse, mes états d’âmes etc.

Je ne veux pas subir de pression extérieure ni maintenant et encore moins quand le D Day approchera.

Je ne parlerai pas non plus du sexe (on ne veut pas le savoir, de toutes les façons), de mon poids, de mon alimentation… C’est propre à chacune et je ne veux pas être comparée ni lancer des débats sur ce qui marche ou pas pour vivre sa grossesse au mieux. Ce sont des choses très personnelles que j’évoquerai peut être après, si l’envie m’en prend et si j’ai des choses vraiment intéressantes à partager.

Mais globalement, pour l’instant, je vis cette grossesse au jour le jour et je n’ai pas besoin (ni envie) d’avis ou de conseils extérieurs. J’ai déjà bien assez à faire avec ceux que je reçois malgré moi, dans la rue, par mes proches et autres.

Donc dits vous que vous êtes déjà super chanceux (ouioui ^^) que je me confie un peu ici, au moment où je vis les choses. Je n’avais absolument rien dévoilé pour Baby T jusqu’au jour de son arrivée et c’était à l’époque, ce que j’avais fait de mieux.

Alors, merci de respecter ma discrétion et mon choix 😉

Et pour conclure, je souhaite à toutes les femmes actuellement enceintes de vivre une grossesse sereine et à toutes celles qui essaient de ne pas se décourager.

22 réponses à “Une grossesse dans l’ombre d’une autre”

  1. Eva dit :

    ♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡

  2. Karine dit :

    Plein de « love »!

  3. Virginie gibanel dit :

    De l’amour de l’amour de l’amour!!!! Et félicitations !

  4. Madame Parle dit :

    Je vous embrasse! #hug

  5. Anna dit :

    Je suis ravie pour vous trois et en même temps désolée de toutes ces difficultés de 2018 et de cette nouvelle grossesse compliqué.
    Très très grosses bises❤️

  6. jackie dit :

    Dommage que tu n’aies pas gardé le secret jusqu’au bout comme pour Baby T. Love
    <3 <3 <3

    • JOhanna dit :

      Chaque grossesse est différente : Pour Baby T, c’était mon petit secret, ma bulle de bonheur que je ne voulais pas partager. Un peu égoïste !
      Cette fois, j’avais besoin d’en parler, d’extérioriser et vider mon sac. Mais, l n’y aura pas de suivi de grossesse au mois le mois, ça reste très intime tout ça ahah.

  7. Félicitation ma belle !

  8. Sophie dit :

    Bon courage, c’est clairement pas une situation évidente, j’ai aussi eu une grossesse juste après une fausse couche, et je n’ai pas réussi à être sereine non plus jusqu’à la fin. J’ai beaucoup lu et je me suis documentée sur tout ce qui pouvait arriver de « mal » et paradoxalement ça me rassurait un peu de ne pas naviguer à vue et d’avoir des plans au cas où. Il faut essayer de ne pas trop se sentir coupable de ne pas vivre la grossesse idéale et de ne pas « profiter » de ce moment (perso j’ai eu des nausées pendant 7 mois et j’étais épuisée tout le long c’est pas vraiment un moment épanouissant je trouve). En attendant, félicitations et prends soin de toi !

    • JOhanna dit :

      Merci pour ton témoignage. J’en ai reçu énormément en messages privés ou par mail. La pudeur de ces femmes, que je comprends tellement…

      Pour répondre à ton commentaire, c’est dingue ces manifestations corporelles qui expriment un mal-être moral plus profond qu’on n’arrive pas toujours à cerner.
      Peut-être, est-on mal suivie après une FC. Je ne pointe pas du doigt le corps médical spécialement attention, on se néglige toute seule aussi mais le résultat est là en tous cas.

      Et comme toi, je me documente beaucoup sur toutes les horreurs qui peuvent arriver, étrangement, ça me rassure de comparer. C’est totalement névrotique comme comportement, j’en ai conscience mais je préfère ça plutôt qu’une dépression nerveuse et la prise de médicaments (ahah).

      Je commence doucement à ne plus culpabiliser, chaque nouvelle semaine qui passe me permet de me projeter un peu plus concrètement. Je ne baisserai cependant ma garde que le jour J 😉

  9. Charlene dit :

    Bravo pour cet article. Il m’a beaucoup ému.
    (Enceinte de 5 mois et demi;)
    Bises
    Charlène alias ex charlipopette

    • JOhanna dit :

      Oh félicitations ma belle !
      Je suis super heureuse pour toi. J’espère que tout se passe bien et que tu es plus zen que moi (pas difficile pour le coup).
      Bises

  10. sheba2 dit :

    bonjour Joh ,
    courage ! et félicitations . plus que quelque temps à attendre .
    Amicalement ,
    Sheba2U .

    • JOhanna dit :

      Merci beaucoup 🙂
      Oui, plus très longtemps à attendre et en même temps…. que les jours et les semaines et les mois semblent interminables quand on est enceinte, c’est dingue, ce rapport au temps qui change.

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