Si on m’avait dit un jour que j’apprécierais la gastronomie allemande, j’aurais rigolé à m’en décrocher la mâchoire.
Car s’il y a bien une cuisine qui me laisse un souvenir douteux, c’est bien celle qu’on mange chez nos amis germaniques. Désolée mais pas désolée, je ne suis pas grande amatrice de saucisse au curry avec patates sautées ou en purée en général. Et mes pérégrinations à Berlin n’ont pas réussi à me réconcilier avec ce genre de plats typiques, un peu trop bourrins pour moi.
De ce fait, j’ai bien failli décliner l’invitation chez Wunderbar, il y a quelques semaines alors même que le lieu est situé à quelques encablures de mon domicile (tu connais le critère de la flemme qui te pousse à dire oui ou non pour aller bruncher le dimanche? C’est tout moi ça. C’est à côté? Ok j’y vais).
Et puis, j’en ai parlé à mes 2 moitiés : la petite a une passion dans la vie, c’est manger. Ce n’était pas très difficile de savoir ce qu’elle allait répondre. Quant à la grande moitié, lui, la saucisse, ça ne l’effraie pas (pas de mauvais jeu de mots, je vous vois avec votre esprit lubrique) et il m’a rapidement persuadée de tenter le coup avec sa phrase fétiche : « au pire, si c’est pas bon, on rentre manger à la maison ou on finit ailleurs ».
Ah la vie, c’est aussi simple que ça parfois !
J’ai donc accepté en me disant que je ferai au moins 2 heureux. Quant à moi, de toute façon, en étant enceinte, je n’ai jamais une appétit d’ogre et je trouverais bien un bretzel ou 2 à grignoter en les regardant se bâfrer de saucisses.
Arrive donc le fameux dimanche du brunch et là surprise : Déjà, la salle est bien plus cool qu’elle n’y parait depuis l’extérieur (j’ai longtemps cru que cet établissement était un fastfood de currywurts pour étudiants fauchés qui ne font que prendre leur sandwich à emporter). Pas du tout, il y a une salle plutôt jolie, ouverte sur les cuisines, le personnel est très gentil, aux petits oignons avec ma fille qui gigote déjà dans tous les sens, à peine arrivée. Les tables en bois brut sont très instagrammables (détail désormais incontournable si tu veux vivre avec ton temps). On peut s’installer à 2 ou 4 sur des tables de dimension normale, sur des chaises hautes au comptoir, ou sur des grands bancs façon banquet d’Astérix et Obélix. Les chaises d’écolier font gentiment sourire. Bref, le lieu est détente mais propre et accueillant, chaleureux et cosy.
Arrive le moment de choisir à manger : le dimanche c’est formule brunch donc. Au choix, on peut partir sur une saucisse (il y en a plusieurs en provenance d’Alsace, d’Allemagne, d’Autriche etc. Elles sont sourcées avec soin) ou un plat végétarien (il y a deux tartines de saison qui changent régulièrement et sont élaborées en collaboration avec un chef). En accompagnement, il y a un assortiment plutôt varié : une soupe avec un légume de saison, une portion de pommes de terres sautées, un bretzel salé ou sucré, une boisson chaude et un dessert.
A côté, il y a également des petites choses à partager, des jus frais et des bières de toutes sortes pour les amateurs, à la tireuse, en bouteille, IPA, blonde, brune etc…
Finalement, je commence à me dire que ce brunch pourrait être une réussite. Les 2 viandards de la maison choisissent tous les 2 la formule saucisse (pour ceux qui se demandent, l’enfant de 2 ans mange comme nous, même en proportion, elle fait peur à beaucoup d’adultes qui se demandent où elle met tout ça…). Quant à moi, j’opte pour la tartine de saison qu’on m’a vendue comme étant une pure tuerie. J’attends de voir les gars…!
Les brunchs arrivent sur de jolis plateaux en métal, toujours en mode détente mais pas fast food comme j’aurais pu le croire. La vaisselle est sobre mais jolie. J’attaque la soupette de potimarrons qui est toute douce et ouvre gentiment l’appétit. Elle mériterait peut être un condiment supplémentaire pour la twister mais rien de grave. Je pioche, ensuite, dans les patates sautées et direct, je prends un shoot de bonheur avec la vinaigrette maison sucrée/ salée, bien punchy et qui a un vrai goût de reviens-y. Mais, il faut que je garde de la place pour la tartine crème de carotte, feta et jeunes pousses d’épinards. Si l’intitulé n’est pas franchement attirant, en revanche, au niveau des papilles, cette tartine déchire tout. Je dirais même qu’elle se classe dans la série des plats Umami : le pain au levain n’est pas trop acide, juste ce qu’il faut, la purée de carotte est toute en douceur, la feta apporte un peu de salé et d’acidulé, les pousses d’épinards et les petits radis donnent du croquant. Quant aux graines de sésame, elles apportent avec l’assaisonnement un côté noiseté très intéressant. Difficile de m’arrêter, j’ai juste envie de la terminer avec les doigts….
Je goûte les saucisses que mes compagnons de tablée ont l’air de boulotter avec plaisir : effectivement, les Nurnberger à la marjolaine sont assez douces pour commencer, c’est pas mal. Ils ont également choisi la Kasekrainer qui est une grosse saucisse grillée fourrée au fromage. Bien plus fat que ses petites copines à la marjolaine mais non moins goutue !
Et c’est la nana qui n’aime pas les saucisses qui vous le dit, imaginez un vrai amateur….
Aller, on se ressaisit, il reste encore les bretzels et les desserts : On choisit un bretzel au fromage qu’on partage tous les 3. Il est très bon, il est frais, aucun doute là-dessus, il n’y a rien à redire. J’ai aussi pris la version sucrée à la cannelle qui colle un peu au doigts et aux dents mais qui est une vraie originalité de ce brunch.
Quant aux desserts, on a le choix entre une forêt noire revisitée et un apfelstrudel. A tous les 3, on se partage les 2 desserts même si je ne suis pas très forêt noire en temps normal (d’ailleurs, dès qu’il y a de l’alcool dans un dessert, je passe mon tour, en général). Mais là, on m’annonce qu’il s’agit d’une version en verrine sans alcool avec de gros morceaux de gâteau au chocolat façon brownie, une crème chantilly maison et des cerises moelleuses (sans alcool donc). Oh surprise, c’est carrément délicieux !
Quant à l’apfelstrudel, il est plus attendu. Très bon, très bien fait mais après la forêt noire, il parait un peu plus fade, forcément. On aurait du commencer par là et terminer avec la verrine.
En conclusion, ce brunch est tout à fait original, il casse les codes du brunch oeufs/ bacon ou buffet de victuailles industrielles, sans intérêt. Il a le mérite d’être copieux, plein de saveurs et d’ingrédients de saison, travaillés en bonne intelligence pour que chaque plat soit unique. Il n’est pas hors de prix. Il existe une formule enfants, ce qui ne gâche rien. Pour les prix, comptez 22€ la formule adulte de base, si vous ne rajoutez aucun supplément. Mais, en vrai, c’est déjà tellement copieux que cette formule se suffit à elle-même. Et gros coup de cœur pour l’idée de la tartine végé qui permet à une large population de venir bruncher ici, même en n’étant pas fan de saucisse.
A recommander sans hésiter parce que c’est wunderbar !!!!
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